Premier navire de céréales à quitter un port ukrainien depuis le début de la guerre, le Razoni, est attendu dans le courant de la nuit prochaine au large d’Istanbul, où il doit subir mercredi matin une inspection menée par des experts russes, ukrainiens, turcs et des Nations unies. La Turquie, principale médiatrice de l’accord qui a permis ce déblocage, en récolte des bénéfices diplomatiques mais endosse aussi une responsabilité.
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Avec notre correspondante à Ankara, Anne Andlauer
Dans sa première réaction au départ du Razoni du port d’Odessa, le président turc Recep Tayyip Erdogan a salué un succès pour son pays et vanté l’efficacité du Centre de coordination conjointe basé à Istanbul.
Des militaires russes, ukrainiens et turcs sont à l’œuvre dans ce centre, mais aucune escorte armée n’accompagne les bateaux sur leur parcours en mer Noire. En plus d’un rôle de premier plan géographique et diplomatique, la Turquie y trouve un intérêt stratégique, observe Serhat Güvenç, enseignant à l’université Kadir Has d’Istanbul, spécialiste des questions de défense et de politique étrangère : « Avoir négocié une solution totalement « civile », et n’avoir impliqué aucun pays étranger aux rives de la mer Noire, c’est l’un des points les plus importants de ce succès pour la Turquie. »
Mais avec le succès vient aussi la responsabilité. L’Ukraine le répète : elle n’a pas confiance en la Russie. Elle compte sur les Nations unie mais surtout la Turquie pour qu’Ankara fasse pression sur Moscou et l’engage à respecter sa parole. « Si la Russie renonce à appliquer l’accord et utilise ces corridors maritimes pour mener une opération amphibie contre Odessa ou une autre ville ukrainienne sur la mer Noire, la Turquie portera une très lourde responsabilité. »
Toutefois, selon cet expert, l’évolution de la situation sur le terrain militaire en Ukraine et la mise en œuvre de l’accord sur les céréales diminue, sans l’annuler, la probabilité d’une attaque russe.
rfi