La lutte contre le terrorisme est entre les mains de la police et de la gendarmerie. Mais avec l’arrivée de Saïfoulaye Sow à la tête du Cadre d’intervention et de coordination interministérielle des opérations de lutte anti-terroriste (Cico), l’idée de confier la stratégie à l’armée fait son chemin. Même si le Président Sall se veut encore prudent.
Le Mali n’arrive pas à sortir de son bourbier. Le Burkina est devenu le nouveau terreau fertile des terroristes qui n’épargne pas ni civils ni militaires. Le Sénégal, qui a eu à arrêter des présumées jihadistes, vit le spectre. Mais comment faire pour ne pas prêter le flanc ? Seule une meilleure organisation, pour ne pas dire une réorganisation de la gestion du terrorisme s’impose. Un article de Africaintelligence.fr, très au fait des enjeux africains, intitulé Macky Sall face à la très sensible réorganisation de son appareil sécuritaire, il est question de voir qui de la Police ou de l’armée doit être au-devant dans cette stratégie de prévention, mais aussi de riposte éventuelle. La source affirme que « le chef de l’Etat sénégalais doit prochainement trancher la question » et précise que « l’armée souhaite jouer un rôle de premier plan » dans cette gestion jusqu’ici au contrôle de la sécurité intérieure.
Le Général Saïfoulaye Sow du Cico mène le « combat »
Et il y a un homme, le Général Saïfoulaye Sow, fin connaisseur de la question terroriste, qui théorise le contrôle de la question par la grande muette au vu des enjeux. Le site d’information révèle que Sow a rejoint le Conseil national de sécurité (Cns), qui se tient chaque lundi en présence du président de la République depuis quelques semaines et mène le combat à l’interne. Il est à la tête du Cadre d’intervention et de coordination interministérielle des opérations de lutte anti-terroriste (Cico), organisme mis en place par Macky Sall en 2016 afin de coordonner la réponse des autorités à d’éventuelles attaques terroristes.
Selon Africa Intelligence, aux côtés du chef d’état-major général des armées, le général Cheikh Wade, les numéros un du renseignement et de la gendarmerie, les généraux Cheikh Sène et Moussa Fall, ou encore l’amiral Papa Farba Sarr, ancien patron du renseignement devenu conseiller spécial du président en 2021, il tente de convaincre le chef suprême des armées. Mais surtout parce qu’il bénéficie de la confiance de ce dernier à qui il a proposé « une réorientation complète du dispositif » de réponse.
Les émeutes de mars 2021, une des inspirations de la réforme
Le Général Saïfoulaye Sow est présenté comme quelqu’un qui est « familier du théâtre malien après avoir commandé les casques bleus sénégalais à Gao en 2016 », mais également disposant de « plusieurs relais » pour arriver à séduire Macky Sall par sa doctrine, à la place de celle qui a toujours prévalu : « les forces de police et de gendarmerie en première ligne en cas d’incident sécuritaire majeur sur le territoire national ». Et pour ce faire, il compterait sur le chef d’état-major particulier de Macky Sall, le général Joseph Mamadou Diop, ainsi que son aide de camp personnel depuis plus de dix ans, Meïssa Cellé Ndiaye.
Le « remodelage » de l’architecture de lutte contre le terrorisme avait encore été agité après les émeutes de mars 2021, provoquées par l’affaire Sonko-Adji Sarr. Les failles notées dans cette crise avaient motivé le limogeage du patron de la gendarmerie, le général Jean-Baptiste Tine, à seulement trois mois de son départ à la retraite et le départ de l’ancien chef d’état-major général des armées Birame Diop. De hautes autorités militaires avaient estimé, dans les coulisses, que ces « carences » étaient, en partie, le fait d’un « conservatisme » selon lequel le maintien de l’ordre doit être le « monopole » de la police et de la gendarmerie.
De hauts gradés avaient prôné une évolution avec une « meilleure implication des militaires afin de faire face aux nouvelles menaces sécuritaires ». C’est le sens pourtant du vocable générique de « Forces de défense et de sécurité ». En revanche, le Président Sall, bien que tenté par cette réforme « plus que nécessaire », semble opter pour la prudence. Pour l’heure, il laisse le ministre de l’Intérieur coiffer le Cico.
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