Le coordonnateur du Mémorial Gorée-Almadies, Malick Kane, n’est pas satisfait du déroulement de la Journée nationale de commémoration des résistances et du souvenir aux victimes des traites negrières et de leurs abolitions, qui s’est tenue cette année au Musée des civilisations noires. Plus généralement, il déplore que l’Afrique ne commémore pas cette journée.
Par Ousmane SOW – Au Musée des civilisations noires (Mcn), ils ne sont pas nombreux mais leur présence est symbolique. Eloy Coly, conservateur de la Maison des esclaves de Gorée, Mamadou Berthe, architecte-conseil de la Fondation du Mémorial de Gorée, Malick Kane, activiste, et des collégiens dakarois sont venus célébrer la Journée nationale de commémoration des résistances et du souvenir aux victimes des traites négrières et de leurs abolitions. Cette édition 2022, qui s’est tenue en partenariat avec le Musée des civilisations noires, a été marquée par un panel autour du thème : «Mémorial Gorée-Almadies et jeunesse pour une renaissance africaine.» «Nous ne sommes pas satisfaits de cette commémoration puisque nous, en tant que jeunes qui portent les voix de ces élèves, étudiants et activistes, nous avons voulu que tout le Peuple se retrouve autour de cet axe-là. Et nous allons travailler, la semaine prochaine, pour un mémorandum qui pourrait cristalliser ces expectations et ouvrir une nouvelle voie, qui aurait comme conséquence de permettre aux jeunes de s’affirmer de façon beaucoup plus conséquente et efficace», a déclaré le coordonnateur du Mémorial Gorée-Almadies, Malick Kane, qui déplore le fait que comme à l’accoutumée, au Sénégal, en Afrique de manière générale, on ne commémore pas cette journée. Et pourtant, dit-il, on entend chaque jour toutes sortes de journées célébrées : Journée nationale du livre, du théâtre… «Mais pourquoi une journée dédiée à la commémoration des victimes de l’esclavage, des résistances et de leurs abolitions n’est pas aujourd’hui inscrite dans l’agenda républicain du Sénégal», s’interroge-t-il. Selon lui, le Sénégal a fait l’effort d’inscrire cette journée du 27 avril comme une résolution. «Mais, nulle part en Afrique, vous ne retrouverez, dans le dispositif législatif, cette commémoration ; ce qui est dommage», regrette M. Kane, qui espère que la prochaine commémoration se passe avec une présence du chef de l’Etat. Au-delà du président de la République, il estime également que tout le gouvernement devait être présent, y compris les autorités du Musée des civilisations noires. «Ma deuxième insatisfaction, c’est au niveau du manque de considération des victimes, car nos ancêtres qui ont fait l’objet de ces atrocités, font partie de nous et méritent beaucoup plus de considération», a-t-il fait savoir.
Abordant la question du retour des afro-descendants et le rôle que pourrait jouer le Sénégal surtout à travers la plateforme du Mémorial de Gorée, il admet que notre pays n’a fait aucun effort. «Le retour des afro-descendants au Sénégal n’est que théorique. Ce n’est pas une politique orientée diaspora», se désole-t-il. De son coté, Mamadou Berthe, l’architecte-conseil de la Fondation du Mémorial de Gorée, estime que cette commémoration constitue une étape importante pour les jeunes élèves et étudiants, mais aussi pour que l’Afrique parte d’un nouveau pied afin d’avoir une lecture différente des évènements qui se passent à l’ère de la mondialisation et de se projeter vers le futur. Concernant le chantier de construction du Mémorial Gorée-Almadies, M. Berthe informe qu’il va bientôt voir le jour. «Le chef de l’Etat a instruit tous ceux qui sont en charge de cette affaire, de démarrer le projet le plus rapidement possible pour qu’on puisse l’inaugurer en 2023, si tout va bien», a-t-il indiqué.
source:lequotidien