Journée meurtrière jeudi au Tchad lors de manifestations appelées par l’opposition pour protester contre le maintien à la tête de la transition du président Mahamat Idriss Déby Itno. Il y a eu des dizaines de morts, des civils tués par balles. Les bilans avancés par les uns et les autres divergent. Jeudi, en fin de journée, le Premier ministre Saleh Kebzabo a évoqué «une cinquantaine de morts» et «300 blessés». Il a annoncé un couvre-feu dans quatre villes de 18h à 6h du matin jusqu’au retour total de l’ordre ainsi que des poursuites judiciaires. Il fait porter la responsabilité des violences aux organisateurs des manifestations.
« Ce qui s’est passé ce jeudi est une tentative de coup d’État », a déclaré Saleh Kebzabo, au cours de la conférence de presse qu’il a donné jeudi en fin de journée. Devant les journalistes, le nouveau Premier ministre de transition du Tchad a affirmé que des manifestants étaient armés, formés à des techniques de guérilla. Il justifie les tirs à balles réelles en pleine rue.
C’était une insurrection populaire en vue de s’emparer du pouvoir par la force, c’est ce qu’il s’est passé aujourd’hui et pas autre chose, ce n’était pas une marche pacifique. Les forces de l’ordre doivent respecter certaines consignes, celles de ne pas tirer à balles réelles sur les manifestants. 1 : ce n’était pas des manifestants. 2 : les forces de l’ordre devaient se défendre.
LE PREMIER MINISTRE SALEH KEBZABO
Amélie Tulet
Saleh Kebzabo met en cause nommément deux opposants qui se trouvaient toujours jeudi soir à N’Djamena : Succès Masra et Yaya Dillo. Ce dernier est le président du Parti socialiste sans frontières. « Saleh Kebzabo semble ignorer totalement la réalité puisque ce sont les agents habillés en civil qui ont commencé à tirer à mater à balles réelles, y a aucune insurrection comme il le dit, mais c’était un massacre opéré par les services de sécurité qui ont tiré à balles réelles. »
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Succès Masra à la tête du parti Les Transformateurs appelle les partenaires du Tchad à prendre leurs responsabilités.
Ce n’est pas faute d’avoir alerté. À la veille de cette marche, nous avons écrit au secrétaire général des Nations Unies, à toutes les chancelleries, à l’Union africaine. On est en train de nous regarder. Est-ce que les vrais amis du Tchad peuvent enfin, enfin dire de quel côté ils se trouvent ?
RFI