Un nouveau palier a été franchi par Vladimir Poutine dans le conflit en Ukraine avec l’instauration de la loi martiale dans les zones occupées par la Russie. Le décret publié par le Kremlin instaure également un régime spécial dans les régions russes frontalières de l’Ukraine qui permettra d’accroître les mesures de surveillance de la population ou de censure de l’information.
Ce décret, publié par le Kremlin, pourrait permettre le renforcement d’une économie de guerre qui se met peu à peu en place en Russie. Selon Igor Delanoë, directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe de Moscou, joint par Daniel Vallot du service Europe de RFI, d’une manière générale déjà, depuis le 24 février et plus précisément depuis l’empilement des fonctions occidentales à partir du printemps, certains pans de l’économie russe ont commencé à basculer vers une forme d’économie de guerre : les industries stratégiques, celles qui sont en lien avec le complexe militaro-industriel, mais aussi d’autres pans de l’industrie qui ont été mobilisés pour servir en priorité les besoins de l’armée.
« Maintenant, au niveau régional, notamment pour les sujets de la fédération concernée, effectivement, on va être « dans l’économie réelle », on va être dans quelque chose qui ressemble à une économie de guerre où les besoins sont vraiment orientés pour les besoins exprimés par l’armée, et qu’il faut donc satisfaire, que ce soit pour les aspects matériels, la nourriture, le transport. On peut réquisitionner des véhicules également, pour que toute cette masse mobilisée soit la plus aguerrie, la plus prête pour le déploiement et les missions de combat pour lesquelles elle est destinée.
L’état de l’armée russe en question: «Plus la capacité au plan tactique de combattre sur le terrain»
Réquisitionner des logements et des stocks de nourriture pour les soldats
Par le biais de ce décret, l’armée russe pourrait également recourir à des réquisitions pour loger et nourrir ses soldats. Le but de la manœuvre est de pouvoir créer les conditions légales pour accéder à un stand de ressources qui vont permettre de prendre en charge la masse de personnes mobilisées, et d’assurer leur déploiement dans des conditions matérielles relativement satisfaisantes, poursuit le directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe de Moscou :
« Très concrètement, dans les régions qui sont directement concernées par la loi martiale, à mon avis, on peut tout à fait imaginer des choses comme les réquisitions de logements pour loger les personnes mobilisées. Je rappelle qu’officiellement, ce sont plus de 300 000 personnes qui ont été mobilisées ces dernières semaines, officieusement certains disent que c’est plus. Il faut loger toutes ces personnes et la solution la plus immédiate, c’est évidemment de réquisitionner le logement chez l’habitant. »
Igor Delanoë considère que cela pourrait aussi peut-être ouvrir l’accès à des stocks de nourriture, dans un cadre qui a été créé par cette loi et avec des dédommagements ou des paiements qui seront faits pour les magasins concernés.
RFI