Les autorités iraniennes n’ont pas encore officiellement réagi à l’attaque contre l’auteur britannique d’origine indienne Salman Rushdie, à New York, mais les médias officiels parlent d’un « écrivain apostat ».
« Attaque contre l’auteur apostat des Versets sataniques », a ainsi titré l’agence officielle Irna ou le site de la télévision d’État pour parler de la tentative d’assassinat contre Salman Rushdie lors d’une conférence dans l’ouest de New York, rapporte notre correspondant à Téhéran, Siavosh Ghazi.
Le principal quotidien ultraconservateur iranien, Kayhan, a félicité ce samedi l’homme ayant poignardé Salman Rushdie. « Bravo à cet homme courageux et conscient de son devoir qui a attaqué l’apostat et le vicieux Salman Rushdie », écrit le journal, dont le patron est nommé par le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei. « Baisons la main de celui qui a déchiré le cou de l’ennemi de Dieu avec un couteau », poursuit le texte.
Suivant la ligne officielle, l’ensemble des médias iraniens ont qualifié M. Rushdie d’« apostat », à l’exception d’Etemad, journal réformateur. Le quotidien Iran, journal étatique, a estimé que « le cou du diable » avait été « frappé par un rasoir ».
Les médias officiels ont également rappelé la fatwa en 1989 de l’imam Khomeiny, le fondateur de la République islamique, qui avait demandé la mort de l’écrivain.
En septembre 1988, Salman Rushdie publie en Angleterre son quatrième ouvrage Les Versets sataniques. L’écrivain britannique d’origine indienne dresse, parmi d’autres faits inspirés de réalités historiques, un portrait de Mahomet, fondateur de l’islam. Jugé blasphématoire, l’ouvrage déclenche la colère des populations musulmanes. Puis, l’annonce de sa publication aux Etats-Unis enflamme le monde musulman et, en particulier, l’Iran. Le 14 février 1989, l’ayatollah Khomeiny, guide de la révolution islamique, condamne à mort Salman Rushdie. Dans une fatwa (décret religieux), l’imam demande « à tous les musulmans zélés » d’exécuter l’auteur du livre, les éditeurs et « ceux qui en connaissent le contenu ». Plusieurs traducteurs des Versets ont été blessés par des attaques, voire tués, comme le Japonais Hitoshi Igarashi, victime de plusieurs coups de poignard en 1991.
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Ces dernières années, les autorités ont moins parlé de cette fatwa qui n’a jamais été retirée. De même, une institution iranienne a toujours maintenu son offre de 3 millions de dollars de récompense à quiconque tuerait Salman Rushdie.
rfi