Les attaques russes sur les villes ukrainiennes pendant la nuit du Nouvel An ne sont pas restées complètement sans réponse. Des images font surface aujourd’hui sur les réseaux sociaux russes et ukrainiens, témoignant d’une frappe particulièrement meurtrière de l’armée ukrainienne sur un groupe de conscrits russes sur Makeïevka. Cette nouvelle enrage les milieux nationalistes russes.
Dès dimanche soir, des informations ont commencé à circuler en Ukraine sur une frappe d’artillerie massive réalisée sur Makeïevka, la cité voisine et jumelle de Donetsk, dans le Donbass séparatiste.
La frappe a eu lieu dans la nuit du 31 décembre, mais les images n’ont été rendues publiques que ce 2 janvier. On y voit les ruines d’un immeuble de plusieurs étages, celui d’un ancien institut technique dans la ville de Makeïevka, dans la partie de l’Ukraine occupée par l’armée russe. Le bâtiment a été entièrement rasé. L’armée ukrainienne revendique l’attaque et affirme que l’immeuble abritait plusieurs centaines de soldats russes, tous des conscrits récemment mobilisés.
Il semble que dans la nuit de samedi à dimanche, peu après le passage à la nouvelle année, l’armée ukrainienne ait déclenché un tir puissant de missiles Himars, dirigés vers une école qui abritait plusieurs centaines de soldats. « Le 31 décembre, jusqu’à 10 unités d’équipements militaires ennemis de divers types ont été détruites ou endommagées » à Makeïevka, a indiqué l’état-major ukrainien sur Facebook, indiquant que le bilan des pertes humaines russes était en cours d’évaluation.
► À lire aussi : L’Ukraine débute 2023 comme elle a terminé 2022, sous les frappes russes
L’armée russe reconnaît le bombardement
Ce lundi 2 janvier, chose rare, l’armée russe a reconnu ce bombardement. Au moins 63 militaires russes ont été tués lors de cette frappe, a annoncé ce lundi le ministère russe de la Défense. Selon le porte-parole du ministère russe, qui ne donne pas de date, « quatre missiles » ont frappé « un centre de déploiement temporaire » de l’armée russe.
Ce sont des blogueurs militaires russes qui ont révélé la frappe et l’ampleur des dégâts : l’un d’entre eux écrit que plus de 600 soldats russes étaient présents dans cette école, où étaient également stockées des munitions, et que c’est la géolocalisation des téléphones portables qui a révélé à l’armée ukrainienne cette présence humaine massive.
Bilan impossible à réaliser
Dans le bombardement, le bâtiment a été littéralement pulvérisé, et l’armée ukrainienne déclare quant à elle avoir tué 400 soldats russes, parlant aussi de 300 blessés. Tout bilan est impossible à réaliser de façon indépendance, mais ce qui est certain, c’est que l’Ukraine a infligé en ce premier jour de l’année un véritable coup de massue à l’armée russe.
L’armée ukrainienne a déjà effectué ces derniers mois plusieurs frappes chirurgicales de ce type contre des baraquements russes, il se pourrait que celui-là soit l’attaque la plus meurtrière contre l’armée russe depuis le début de la guerre, rapporte notre correspondant à Kiev, Stéphane Siohan.
Beaucoup, dans les milieux militaristes et nationalistes russes, s’indignent de ce qu’ils perçoivent comme une négligence criminelle du haut commandement. Les conscrits auraient tous été stationnés dans le même bâtiment, sans aucune protection. Pire, l’immeuble aurait aussi abrité un important dépôt de munitions. « Un exemple typique de stupidité militaire », écrit un compte très suivi sur la messagerie Telegram qui exige, comme beaucoup d’autres, des sanctions exemplaires.
« Je crois que vous ne réalisez pas le niveau de stupidité de l’armée », écrit un blogueur très suivi, ajoutant : « il faudrait fusiller ceux dont l’inaction mène à de telles conséquences ». « Tout le monde sait depuis longtemps qu’il faut répartir les hommes par petits groupes », ajoute un autre. « Et si les mobilisés ne le savent pas, le commandement, au moins, devrait le savoir. Il doit y avoir une punition, ce qui s’est passé c’est de la négligence criminelle ! »
La frustration est encore aggravée par l’arme employée, le Himars, ce lance-missiles précis et mobile, symbole de l’aide occidentale aux Ukrainiens que le ministère russe de la Défense ne cesse de se vanter de détruire par batteries entières. Mais si l’on additionne toutes ses revendications, 44 Himars au total auraient été mis hors de combat sur 40 livrés à l’Ukraine.
« C’est moche », ironisait un blogueur militaire pro-russe récemment. « Il reste -4 Himars aux Ukrainiens et ça leur suffit pour terroriser toute notre armée ».
RFI