Le dernier dirigeant de l’Union soviétique est mort, mardi 30 août, à l’âge de 91 ans en Russie. Prix Nobel de la paix en 1990, il avait œuvré à une réforme du système soviétique dans les années 1980 et au dégel des relations internationales, mettant fin à la guerre froide qui a divisé le monde entre 1945 et 1991. Ce changement radical de situation internationale eut des effets importants pour le continent africain.
La disparition de l’URSS de l’échiquier africain a contraint les régimes alliés au bloc de l’Est à la réforme ou à la chute.
Dans la première catégorie, l’Angola et le Mozambique furent contraints d’entrer dans des processus de démocratisation qui mirent fin aux guerres civiles, d’abord à Maputo puis, plus tard, à Luanda. Dans la seconde catégorie, l’Éthiopie : en 1991, Mengitsu, surnommé le « negus rouge », est chassé du pouvoir.
L’intérêt des États-Unis pour l’Afrique se transforme également en conséquence : moins géopolitique, plus économique.
Leur grand allié en Afrique centrale, Mobutu, doit lâcher du lest et ouvrir le système politique. Mais sans les subsides en dollars, et le maréchal malade, le Zaïre se délitera en quelques années.
L’Afrique du Sud est aussi contrainte à la réforme : c’est dans le contexte de la fin de la guerre froide que l’apartheid tombe, aboutissant aux premières élections multiraciales en 1994, et que la Namibie accède à l’indépendance.
Dans le monde francophone, un vent de liberté souffle. C’est l’époque des conférences nationales : le Bénin est précurseur en 1990, le marxiste Mathieu Kerekou est vaincu dans les urnes et s’efface. Le Congo, le Gabon, le Mali, le Niger, le Togo se lancent aussi dans l’exercice, bon gré mal gré, avec des résultats plus mitigés. Pour certains, la perestroïka africaine aura fait long feu.
Le lauréat du prix Nobel de la paix en 1990 avait donc œuvré à mettre fin au monde bipolaire dans lequel l’Afrique était à la merci des enjeux stratégiques de Washington et Moscou.
Pour Vladimir Fédorovski, ancien diplomate sous Gorbatchev et écrivain russe, c’est surtout son message en faveur d’un monde équilibré qui va manquer aux pays africains.
Il a eu un très grand respect pour le continent africain qu’il considérait comme continent de l’avenir […] Gorbatchev disait qu’il faut prendre en compte les intérêts des différentes nations et trouver des équilibres, y compris et peut-être en premier lieu des pays africains. On va gaspiller des sommes ahurissantes pour la guerre en oubliant que l’Afrique est menacée de la famine.