Finalistes de la Coupe d’Afrique des nations 2021, le champion (le Sénégal) est en déplacement périlleux chez son dauphin (l’Égypte), ce vendredi (19H30) au Stade International du Caire. Cette fois, c’est une place à la Coupe du monde qui est en jeu au bout de la double confrontation.
C’est une confrontation entre le Champion d’Afrique et son dauphin, mais en version phase aller du barrage pour la qualification à la Coupe du monde Qatar 2022. Ces retrouvailles entre l’Égypte et le Sénégal ne pouvaient mieux tomber, juste 47 jours après la fameuse soirée de gloire pour les «Lions» qui décroche, pour la première fois de l’histoire, l’étoile en se payant le scalp des «Pharaons», septuple champions dMais c’est au bout de la double confrontation, dont la phase aller se joue ce vendredi 25 mars au Caire, puis le retour le mardi 29 mars à Dakar, qu’il faudra véritable prendre cette revanche sur un bourreaux donné favori sur le papier et qui va aborder le dernier virage qui mène au Qatar avec beaucoup de confiance et un nouveau statut : «Champion d’Afrique.» Sadio Mané et ses coéquipiers ne veulent pour rien au monde que la symphonie s’arrête là, juste sur un exploit continental. Ils veulent continuer à rendre l’histoire belle à raconter, à faire en sorte que le génie ne soit pas derrière eux. Il faudra échapper au doute du match en déplacement, à l’ennui que mijote tout un peuple égyptien pour leur rendre la soirée de ce 25 mars invivable au Stade International du Caire qui sera transformé en chaudron. Il y aura sur la pelouse une rivalité exacerbée, un spectacle qui s’annonce copieux. Capitaine Koulibaly rassure que son groupe est concentrée. «Nous sommes tous prêts pour ce match (d’aujourd’hui). Nous savons que ça va être un match différent de la finale de la Coupe d’Afrique. Ce sont deux équipes finalistes de la Coupe d’Afrique qui se battent pour aller à la Coupe du monde, c’est quelque chose de très important, de très difficile. On s’est bien préparé, le coach a bien préparé le match, les joueurs sont prêts, ça va être un grand match», promet le défenseur des «Lions».’Afrique, le 6 février 2022 au Stade Olembe de Yaoundé. Depuis, Mohamed Salah et ses coéquipiers ruminent leur colère. Ils se sont promis de sauter sur l’occasion que leur offre le tirage au sort de la Coupe du monde pour laver l’affront. Les «Pharaons» se disent revanchards, eh ben les «Lions» aussi, parce qu’ils ont perdu la finale de la CAN 2019 sur cette pelouse, face à l’Algérie. Kalidou Koulibaly était en tribune, impuissant devant la défaite de ses coéquipiers. «Quand je suis rentré dans le stade, ça m’a rappelé le match en tribune lors de la finale de la CAN en 2019. Ça m’a fait un peu mal et j’ai à cœur de gagner dans ce stade, de bien faire. Ça va être très difficile, mais je pense que nous avons une revanche contre nous-mêmes dans ce stade. On sait que la dernière fois qu’on a joué dans ce stade, on a perdu. Demain (aujourd’hui) on va tout faire pour que cela ne se reproduise pas. L’Égypte joue devant son public, il y aura beaucoup de spectateurs. C’est à nous de gérer la pression, d’être prêts pour ce match. C’est un match de haut niveau, qui va être totalement différent de la finale. L’Égypte va tout faire pour gagner le match, mais nous devons être à la hauteur, essayé de gérer cette pression. On va essayer de gérer cette équipe, de tout donner», dit Koulibaly. Le défenseur des «Lions» sait également qu’il y a un certain Momo Salah aussi méchant qu’un revanchard à surveiller comme du lait sur le feu. «Je connais bien Mohamed Salah, c’est un joueur contre qui j’ai joué depuis plusieurs années, depuis qu’il était à Rome, ensuite à Liverpool. C’est un joueur que je connais bien. C’est l’un des meilleurs joueurs en Afrique.
Mohamed Salah aura le cœur de bien faire, mais nous aussi, nous avons Sadio Mané qui sera prêt pour ce match», répond Koulibaly. Il précise toutefois qu’ils ne vont pas «se concentrer sur Mohamed Salah, mais sur toute l’attaque égyptienne, sur tous les joueurs. On va jouer ce match pour ne pas prendre de but, essayer d’être solide défensivement et ensuite devant, on fera le travail. On va essayer de gagner le match», dixit capitaine Koulibaly.
L’Égypte et le Sénégal qui se disputent l’une des cinq places réservées à l’Afrique à la Coupe du monde Qatar 2022, jouent la première manche ce vendredi au Caire à 19H30 (Gmt). Le match retour est prévu le mardi 29 mars au Stade du Sénégal de Diamniadio (Stade Abdoulaye Wade) qui se prépare, à son tour, à apporter la réplique au Stade International du Caire.
SOULEYMANE DIALLO, ENTRAINEUR GUEDIAWAYE FC : «S’attendre à un match très engagé de la part des Égyptiens dès l’entame»
«Pour analyser ce match en partant de la finale de la CAN, on va dire qu’une finale ne se joue pas, elle se gagne. Les finales ne sont pas souvent ouvertes parce qu’elles nécessitent beaucoup de concentration. On ne néglige pas les détails, il y a des risques que les deux finalistes éviteront de prendre. C’est d’ailleurs ce manque de prise de risques qui a fait que la finale de la CAN s’est finalement jouée aux tirs aux buts. Pour les deux matchs des barrages, les dynamiques ne seront pas les mêmes. C’est une double confrontation, donc les entraîneurs y vont avec calculs. Surtout lors du premier match. Aucune des deux équipes ne voudra perdre. Ce match sera décisif, car c’est lui qui déterminera la manière dont les équipes, les entraîneurs en l’occurrence, aborderont la manche retour. Il y a, dans les deux équipes, les deux meilleurs buteurs de la Premier Ligue anglaise, Salah et Mané. Des attaques qui étaient capables de marquer, mais une organisation dans une finale pousse souvent les entraîneurs à ne pas mettre trop l’accent sur la finition, le but, mais surtout à ne pas perdre la finale. L’avantage du but à l’extérieur n’est pas exclu dans cette compétition. Le Sénégal doit essayer de marquer un but à l’extérieur, tout en sachant qu’il peut fermer boutique chez lui. Tout ce qu’il faut éviter pour le match du Caire, c’est de faire un match nul et vierge.
Aliou Cissé a une attaque capable de mettre un but par match. Il devrait rester dans ses principes. Je ne crois pas qu’il changera les hommes, mais peut-être qu’il abordera ce match différemment de la finale, avec une autre disposition tactique.
Le football est fait de moments d’émotions. Le monde entend la qualification du Sénégal. Ce premier match est un match piège. Le plus important est de savoir gérer les émotions. L’Egypte attendra de voir ce que le Sénégal va faire, à savoir s’ils seront dans l’euphorie de la CAN ou dans le calcul. C’est à l’entraîneur Aliou Cissé de trouver la solution pour calmer le jeu. Et pour ce faire, il faut enlever le manteau de Champion d’Afrique dès à présent, se dire que ce sont deux compétitions différentes et se rappeler que l’Égypte est 7 fois championne continentale.
Il faut s’attendre à un match très engagé de la part des Égyptiens dès l’entame. Ils vont venir prendre le match à leur compte en essayant de nous attaquer. Ils peuvent nous imposer un faux rythme. La stratégie qu’ils avaient mise en place lors de la Can ne sera pas la même. Aujourd’hui, ils sont dos au mur, gagner chez eux sera une obligation pour se qualifier.»
ALIOU CISSE, SÉLÉCTIONNEUR DES «LIONS» : «Le Sénégal est là pour continuer à écrire l’histoire»
Le sélectionneur de l’Equipe nationale du Sénégal était hier en conférence de presse d’avant match. Aliou Cissé qui se dit conscient de ce qui attend son équipe au Caire, promet de tout faire pour continuer à écrire l’histoire.
Le match : «Il y a un peu plus d’un mois qu’on a joué cette équipe égyptienne. On n’a pas eu le temps de changer de tactique de jeu, nous sommes dans cette continuité, mais nous savons aussi que nous pouvons nous améliorer. Nous pouvons aussi changer de système tactique au courant de la rencontre. Mais en réalité, nous sommes fiers de ce que nous avons fait jusqu’à présent. C’est à nous de rentrer dans ce match comme il se doit, on est conscient de ce qui nous attend demain (Aujourd’hui). L’Égypte joue devant son public, c’est très important. On connaît l’ambiance de ce stade. Ça va être deux rencontres compliquées, très rudes, très difficiles. Mais le Sénégal est là pour continuer à progresser et à écrire son histoire.»
Stratégie : «L’objectif, c’est de se qualifier en Coupe du monde. Nous avons des arguments à faire valoir face à cette équipe égyptienne. On a envie d’aller à cette Coupe du monde, nous travaillons dur pendant des années. Ce groupe là était constitué pour jouer cette compétition. Nous savons que ça se jouera en deux matches. Quoi qu’il puisse se passer demain (Aujourd’hui), il y aura forcément un match décisif chez nous. C’est une rencontre qu’il faudra jouer avec beaucoup d’intelligence, ne pas faire n’importe quoi, parce que ce sont deux matches (aller et retour). Nous essayerons d’avoir le meilleur résultat ici pour bien aborder le match retour. Il ne faut pas oublier qu’à la Can, après le premier tour, on a marqué huit buts. Le Sénégal avait aussi une assise défensive très solide. Les gens regardent souvent les attaquants, mais ils oublient aussi cette assise défensive. On est capable d’être costaud, très fort sur le plan défensif. Une bonne équipe doit être très forte défensivement, mais aussi on a des arguments à faire valoir devant. On continue à travailler nos animations offensives. Nous avons des garçons capables de faire la différence à n’importe quel moment.»
Gestion des émotions : «L’humilité, c’est l’essence d’un champion, parce que c’est dans cette humilité qu’on peut gagner. C’est dans cette humilité qu’on ne sera jamais surpris.
Nous sommes dans cette situation, nous sommes vigilants. Nous sommes Champions d’Afrique. C’est facile de gagner, mais ce qui est compliqué, c’est de continuer à gagner. Je pense que ce groupe a beaucoup d’humilité, il a encore faim. Les statistiques ne nous donnent pas favori sur cette double confrontation dans la mesure où, toutes les équipes qui ont été championnes d’Afrique, n’ont pas participé à la prochaine Coupe du monde. Je suis un garçon curieux et équilibré qui veut savoir pourquoi ces statistiques sont là. Ce qui pourrait apporter ça, c’est un manque d’humilité, peut-être que le costume de Champion est un peu trop lourd. Nous avons l’humilité, la motivation, nous sommes-là pour gagner. Moi j’ai faim. Je suis un jeune entraîneur, je n’ai encore rien fait. Les joueurs le savent aussi, ils ont envie de gagner.»
AHMED SHEHAB, JOURNALISTE EGYPTIEN : «L’histoire peut se répéter»
Le journaliste Ahmed Shehab fait partie des nombreux Egyptiens qui croient à la qualification des «Pharaons» à la prochaine Coupe du monde. Selon lui, en 2017, l’Égypte a perdu la finale, mais s’est qualifié à la Coupe du monde 2018. L’histoire peut se répéter, espère le Rédacteur en chef adjoint du journal «Al-Akhbar».
Le match du Caire
«Ça va être un match très difficile pour les deux équipes qui méritent de se qualifier pour la Coupe du monde au Qatar, après leurs performances exceptionnelles lors de la dernière Coupe d’Afrique des Nations au Cameroun. Le Sénégal mérite bien son titre de premier en Afrique, mais l’Égypte dirigée par Mohamed Salah est assez déterminée à se venger et à se qualifier pour la Coupe du monde. Carlos Queiroz et Aliou Cissé sont des entraîneurs d’un style tactique unique et les 180 minutes réparties entre le Caire et Dakar seront passionnantes. L’Equipe égyptienne s’est promis de faire le job sur la pelouse, tout en sachant que le public, les plus de 60 000 supporters dans les tribunes du Stade du Caire vont pousser afin de remporter la victoire à domicile pour faciliter le match de Dakar. L’Égypte a perdu la finale de la Can 2017 au Gabon, mais elle a réussi à se qualifier à la Coupe du monde en Russie 2018. L’histoire peut se répéter.»
La manche retour
«Avant le premier match qui se joue ce vendredi, on peut dire que les deux équipes partent à chance égale. La preuve, lors de la dernière finale de la CAN, elles se sont neutralisées, il n’y a pas eu de domination. C’est à la séance des tirs au but que le sort du match a été scellé. Cette fois-ci, l’équipe la plus concentrée et la plus disciplinée sur le terrain, loin de l’influence du public, à domicile ou à l’extérieur, va passer.»
L’apport du public
«L’énorme soutien des supporters égyptiens ou sénégalais sera un facteur influent dans l’issue des deux matchs. Mais ce sont deux équipes qui ont des joueurs expérimentés, qui peuvent supporter la pression d’un public hostile ou profiter de la faveur du public. Je suis persuadé que les amateurs du football seront servis.»
Source: L’OBS