Cette fin de semaine, la centrale nucléaire de Zaporijia en Ukraine s’est une nouvelle fois retrouvée sous les tirs. Le secrétaire général de l’ONU a qualifié ce lundi de « suicidaire » toute attaque contre des centrales nucléaires et a appelé à l’arrêt des opérations militaires autour de Zaporijia, afin que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) puisse y accéder.
« Toute attaque contre des centrales nucléaires est une chose suicidaire », a dit Antonio Guterres lors d’une conférence de presse à Tokyo. Une visite dans le cadre de la commémoration des bombardements nucléaires américains sur le Japon, en août 1945.
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Depuis plusieurs jours, le secrétaire général de l’ONU ne cesse d’alerter sur les risques nucléaires sur l’humanité qui n’est qu’à « un malentendu » ou « une erreur de jugement » de l’« anéantissement nucléaire », a-il mis en garde le 1er août dans un discours à New York. Le 6 août, à l’occasion du 77e anniversaire du bombardement atomique à Hiroshima, il a estimé que l’humanité jouait « avec un pistolet chargé » dans le contexte des crises actuelles à connotation nucléaire.
Des bombardements cette fin de semaine
En Ukraine, la centrale de Zaporijia a été encore la cible de tirs vendredi et samedi, Russes et Ukrainiens s’accusant mutuellement de ces bombardements. Les autorités russes d’occupation de la ville d’Energodar, où se trouve la centrale ont ainsi affirmé que l’armée ukrainienne avait tiré dans la nuit de samedi à dimanche un engin à sous-munitions avec un « lance-roquettes multiple Ouragan ». « Les éclats et le moteur de la roquette sont tombés à 400 mètres d’un réacteur en marche », ont-elles poursuivi, ajoutant que cette frappe avait « endommagé » des bâtiments administratifs et touché « une zone de stockage de combustible nucléaire usagé ».
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Parallèlement, la compagnie d’Etat ukrainienne Energoatom a annoncé qu’un des employés sur place avait dû être hospitalisé pour des « blessures causées par l’explosion » d’une des roquettes tirées samedi soir par les Russes. « Trois détecteurs de surveillance des radiations autour du site de la centrale ont été endommagés (…). Par conséquent, il est actuellement impossible de détecter » une éventuelle hausse de la radioactivité et donc d’« intervenir en temps utile », a-t-elle ajouté.
Zaporijia, la plus grande centrale nucléaire d’Europe
La centrale est située dans le sud de l’Ukraine, au bord du fleuve Dniepr. D’une capacité totale de 6 000 mégawatts, elle fournit 20% des besoins en électricité du pays.
Inaugurée il y a 37 ans, elle est composée de 6 réacteurs. La construction du premier a commencé en 1979, alors que l’Ukraine faisait partie de l’Union soviétique et le dernier a été achevé en 1995. La conception de ces réacteurs à eau pressurisée, est considérée comme étant parmi les plus sûres : ils sont plus modernes que ceux de la centrale de Tchernobyl dont l’un des réacteurs a explosé en avril 1986, entraînant l’arrêt de la centrale.
Considérée comme la plus grande centrale du continent européen, Zaporijia est donc un vrai monstre nucléaire. En mars dernier, le ministre ukrainien des Affaires étrangères a averti que si la centrale explosait à cause des bombardements, les effets seraient dix fois pires que ceux de l’accident de Tchernobyl. Celui-ci est le plus grave de l’histoire de l’industrie électronucléaire civil. Il est de niveau 7, le plus haut niveau de l’échelle internationale INES (International nuclear event scale).
Inquiétude de l’AIEA
L’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) a jugé samedi « de plus en plus alarmantes » les informations en provenance de la centrale de Zaporijia, dont l’un des réacteurs a dû être arrêté après l’attaque de vendredi. « J’espère que ces attaques prendront fin. En même temps, j’espère que l’AIEA pourra accéder à la centrale » de Zaporijia, a encore lancé ce lundi matin Antonio Guterres.
rfi