L’accusation de viol portée contre Sonko par une masseuse qui , d’après sa patronne en garde-à-vue , se targuait de prendre soin du dos du leader de Pastef , défraie la chronique. Si le sujet intéresse tout le monde, c’est que l’affaire de Sweet massage pose la problématique de la conduite et de la morale de nos hommes politiques .Certes Sonko est un mortel donc faillible , mais il ne devait pas tomber dans les rets d’un rat , alors qu’il est défini comme un lion de la scène politique .Le reproche que certains lui feraient est de s’ aventurer dans un salon de massage, que les gens jugent de la même manière qu’un bistrot. vu l’envergure de l’homme , les idéaux qu’il incarne , l’opposant épié craint et abhorré par le régime, n’a pas sa place dans un tel lieu même pour des raisons de santé . Mais , convenons avec l’auteur des Pensées que « l’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête. » C’est dire que notre nature à nous humains est comme celle du Prince de Machiavel : elle est double , imparfaite voire complexe .En nous conformant à la raison , nous sommes comme des anges -eux , ils ne pêchent pas -, mais lorsque nous sommes englués dans les labyrinthes de nos passions , nous sommes à l’image de la bête .Il n’est pas gratuit que Balzac ait donné le titre «La Bête humaine », titre qui nous plonge au coeur d’un oxymore qui traduit tout le paradoxe de la nature humaine .Peignant de façon crue la nature humaine ,George Sand , dont «La Mare au diable» nous rappelle l’arène politique sénégalaise , nous apprend que « Les hommes sont faux , ambitieux , vaniteux , égoïstes , et le meilleur ne vaut pas le diable , c’est bien triste. » Au regard de toutes ces considérations, que chacun de nous doit prendre en compte dans l’appréhension de son prochain , il me semble crédule voire irrationnel de vouloir faire d’un leader une constante, un modèle irréprochable, fusse-t-il un Cheikh Anta Diop ou un Mandéla, au point de le déifier. Il n’existe pas de parcours politique parfait , sans faute ni tergiversations, et exempt de critique .Nos hommes politiques ne sont ni des prophètes ni des messies , ni des Sauveurs de peuples. Ils sont comme vous et nous , et ne sont point plus méritants que ceux qui les ont choisis .Ce qui les différencie des militants de la base , c’est qu’ils sont investis d’une mission , celle de défendre et de porter , comme s’ils étaient astreints à un sacerdoce , les idéaux de leurs partis .La meilleure manière de les aider à réussir leur mission ô combien noble et risquée , c’est de les ramener à la raison , de les critiquer , et de les inciter à la droiture et surtout au respect de la morale .Nous ne rendrons service à ces leaders , dont le discours fait tomber en transes les plus novices en politique que si nous faisons nôtre cette pensée de Diderot : « Dire que l’homme est un composé de force et de faiblesse , de lumière et d’aveuglement, de petitesse et de grandeur, ce n’est pas lui faire son procès, c’est le définir . » Cette pensée du philosophe nous fait découvrir cette panoplie d’antithèses qui définit l’homme .Donc , que nous sachions raison , et que chacun d’entre nous reconnaisse qu’il provient de la boue et finira par se transformer en poussière.(Quia pulvis est).Par conséquent , vouloir faire de cette règle « la fin justifie les moyens » la règle principale , en politique , c’est oublier que seul Dieu est le maître des Cieux capable de faire ou de défaire des rois .Lorsque la morale ne guide plus l’homme politique dans son entreprise de conquête et de préservation du pouvoir , il risque de s’ouvrir les portes de « la géhenne promise aux mécréants », dont nous parle Cheikh Hamidou Kane .Le pouvoir ne doit point aveugler l’homme au point qu’il souhaite le pire à son prochain , et oeuvre pour sa mort physique , morale ou sociale . Si nous voulons que nos politiques soient des plus protégés et des plus encadrés d’entre nous , il urge que nous modernisiions les administrations de nos formations politiques.
De la nécessité de revoir les staffs des partis politiques .
Beaucoup de politiques sénégalais croient que le triomphe de leurs idéaux passe par les réseaux sociaux, que des militants incultes et impertinents ont fini de transformer en « ruisseaux sociaux » où croassent des crapauds à la bave puante et venimeuse .L’autre activité de prédilection de ceux qui cherchent à conquérir ou à conserver le pouvoir est de se ruer vers les plateaux de télévision , ignorant du coup que le vrai travail politique se fait sur le terrain dans la confrontation civilisée et la communion avec la base . La méthode de Mao qui semble inspirer le PDS peut bel et bien payer , dans un pays où dans l’imaginaire collectif des populations , le leader le plus sûr et le plus crédible est celui qui vient s’enquérir de la situation difficile que vivent les masses .La réinvention des méthodes et des stratégies politiques s’impose à tous les politiques qui sont parfois en déphasage avec les exigences et réalités du terrain .Le charisme est certes un atout en politique tout comme le discours que beaucoup d’électeurs n’appréhendent pas bien .Mais , il faut plus de réalisme et de finesse dans l’élaboration et le déroulement des actions en politique.C’est pour cela que le leader de Pastef, après s’être lavé à grandes eaux , demande à ses militants de rester mobilisés , afin que le projet politique qu’ils veulent traduire en actes concrets aboutisse .Il ressort de sa déclaration que tout ce qui se passe n’est qu’une cabale contre sa personne, son parti, dont la posture inquiète de plus en plus le pouvoir .La propriétaire du salon de massage peut bien être vertueuse sans que son employée ne le soit .Donc , toutes les précautions devaient être prises .La plus pertinente de toutes était de s’attacher les services d’un kinésithérapeute qui, au moins , est une personne se conformant à une déontologie .S’il est avéré que le Sweetgate est une cabale , que l’on sache que nous quittons une jungle politique pour entrer dans l’anthropophagie politique. L’affaire du salon de massage ne doit pas nous empêcher de réfléchir autour du très vieux conflit en Casamance .Ce conflit mérite d’être pensée , afin que nous puissions panser les plaies de nos frères , nos plaies , qui en ont été des victimes .
Pour une solution politique en vue de dénouer la crise en Casamance .
La guerre n’ a plus sa raison d’être en Casamance, dans la mesure où elle a assez fait de victimes , et causé un traumatisme psychologique chez beaucoup de nos frères et soeurs de la Région-grenier .Nous ne sommes pas contre la sécurisation de la zone nécessaire au retour de populations déplacées .Nous sommes de ceux qui pensent comme Abdou Diouf que « l’intégrité du territoire national n’est pas négociable . » Il serait bon de rappeler aux irrédentistes cette vérité de l’abbé Diamacoune Senghor : »Il ne faut pas lutter pour une indépendance qu’on ne verra jamais . » Seule la discussion avec les principaux concernés , accompagnée de mesures salutaires pour rattraper le retard accusé à cause de la guerre, pourra nous sortir de la crise qui prévaut depuis plus de trente ans .Ce ne sera pas une oeuvre facile , mais il faut oser s’engager résolument vers la voie de la paix .Comme la paix a pu s’instaurer en Afrique du Sud , elle peut être tissée partout . Si le ratissage vise des bandes armées qui sèment la terreur , et infligent des sévices à des innocents, nous sommes partant .Mais , s’il envenime la situation, et est semblable aux bavures d’antan qui ont fini de pousser à la radicalisation , nous le déplorons .Nous croyons au professionnalisme et au génie de notre armée pour ne pas croire à cette dernière option.
Félix MBOUP