Une trentaine de morts et plus d’une centaine de blessés : c’est le bilan de la tentative de passage vendredi dernier dans l’enclave espagnole de Melilla d’environ 1 500 migrants originaires d’Afrique subsaharienne.
« L’ampleur de la tentative, ainsi que son caractère organisé ont pris de court la totalité des acteurs censés assurer la gestion des frontières, pointe Jeune Afrique . (…) C’est au poste-frontière de Barrio Chino, au sud de la clôture, connu pour être l’un des plus aisément franchissables, que les premiers heurts ont éclaté au petit matin entre les forces de l’ordre marocaines et les migrants, relate le site panafricain. (…) Certains de ces désespérés sont venus munis de crochets et de vis aux chaussures afin de mieux s’agripper au grillage séparant les deux territoires. Bousculée et surprise au départ, la police marocaine est parvenue, dans un deuxième temps, à reprendre le contrôle de la situation en tentant de repousser la foule de façon pour le moins musclée. »
Violences des migrants et abus des policiers ?
À contrario, la presse marocaine dénonce la violence des migrants : « Armés de gourdins, de barres de métal et d’armes blanches, beaucoup d’assaillants semblaient cette fois-ci résolus à franchir les supposées barrières infranchissables de Melilla, quitte à en découdre, affirme L’Opinion. La riposte, musclée certes mais nullement disproportionnée (…), a permis de contenir l’assaut. Elle n’a en revanche pas pu empêcher la mort tragique de 23 migrants dont la plupart ont succombé suite à des bousculades et des chutes mortelles du haut des grillages métalliques érigés par les autorités espagnoles. Les jours qui viennent nous diront s’il y a eu ou non abus et si nos militaires et nos policiers avaient le choix d’autres procédés que ceux déployés vendredi. Mais force est de regretter, s’exclame encore L’Opinion, que tant que nos frontières de l’Est resteront perméables à l’infiltration de milliers de candidats à l’immigration illégale, sous l’œil complice du régime algérien qui tente aujourd’hui de récupérer la mort de pauvres âmes en détresse pour noircir l’image de notre pays, ce drame ne sera sûrement pas le dernier. »
Le Maroc en première ligne
Le quotidien Aujourd’hui, toujours au Maroc, pointe le fait que le royaume chérifien « se retrouve souvent seul à faire face à la migration clandestine. » Pourtant, poursuit-il, « le Maroc déploie des mesures inouïes en matière de migration et s’inscrit volontairement dans les efforts internationaux pour préserver la dignité des migrants. » Mais cela ne suffit pas : « aujourd’hui, la communauté internationale doit se mobiliser, affirme le quotidien marocain, et principalement les pays de destination pour les migrants, afin de trouver des solutions pérennes face à un phénomène qui risque malheureusement de prendre de l’ampleur au cours des prochaines années. »
Une synergie d’action ?
« Tôt ou tard, la cocote minute va finir par sauter, renchérit Le Pays au Burkina, surtout si l’Europe, qui est pourtant elle aussi comptable du désastre économique et de l’appauvrissement des Africains avec le pillage des richesses du continent, continue de se barricader. À l’image de l’Italie ou de l’Espagne qui refusent de recevoir sur leurs territoires, le trop-plein de laissés-pour- compte (…). Pour désamorcer cette bombe sociale et éviter les drames en mer et sur terre, il faudrait une synergie d’action, estime le quotidien burkinabè, d’autant que les responsabilités sont partagées entre les pays de départ, qui considèrent les jeunes migrants davantage comme des trouble-fête que comme des victimes, et les pays d’immigration, qui voient en eux des parasites, sans oublier évidemment les frères africains résidant en Europe, qui se transforment en véritables vendeurs d’illusions à travers des images surfaites qui donnent envie aux jeunes restés au pays de tenter l’aventure au péril de leur vie. »
Enfin, pour Mourya la Voix du Niger , « la volonté politique doit être générale de la part de tous les pouvoirs africains d’offrir à leurs citoyens des conditions de vie meilleures. (…) La priorité des priorités doit être le seul intérêt national (…). Toute chose qui met en avant une meilleure répartition des richesses, la création d’emplois pour la jeunesse et de bonnes conditions de vie pour tous, la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme, la fin des conflits, la sécurité des biens et des personnes, la mise en place d’une politique de santé jusque dans les hameaux les plus reculés et l’éradication du terrorisme. » Vaste programme…
rfi