Vladimir Poutine est en visite à Téhéran aujourd’hui. Pour un sommet avec les dirigeants iraniens et turcs consacré à la situation en Syrie. Après douze ans de guerre ininterrompue, le pays s’enfonce chaque jour un peu plus dans la crise économique.
Vladimir Poutine est en visite à Téhéran ce mardi, pour un sommet avec les dirigeants iranien et turc consacré à la situation en Syrie. Après douze ans de guerre ininterrompue, le pays s’enfonce chaque jour un peu plus dans la crise économique.
La Syrie est aujourd’hui un pays en ruines. Un pays vidé de ses habitants où l’électricité, le pain sont rationnés. En dix ans de guerre le produit intérieur brut a été divisé par deux. A cause de la désorganisation, de la fragmentation du pays. A cause de l’exode massif : sept millions de Syriens ont fui à l’étranger, et six millions ont été chassés de chez eux, déplacés par les combats. Mais c’est aussi à cause du Covid puis de la guerre en Ukraine que la situation sanitaire et alimentaire s’est brutalement détériorée. Le prix des produits alimentaires a doublé en un an. Celui du pain a même triplé. Ce pays devenu auto suffisant en blé depuis les années 90 a connu l’an dernier la pire récolte depuis 50 ans selon les chiffres de la FAO. Avec environ un million de tonnes de blé, presque trois fois moins qu’en 2020. La Syrie produisait en moyenne 4 millions de tonnes par an avant que la guerre n’éclate.
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Car la sécheresse et le manque d’engrais vont sans doute encore amoindrir la récolte de cette année. A partir de 2018 la Syrie a importé du blé planté en Crimée via des sociétés russes. Des cargaisons de blé ukrainien détourné par la Russie auraient récemment été acheminées sur place. Mais face à l’envolée des cours, ces importations facilitées par Moscou ne suffisent pas à nourrir la population. Le Programme Alimentaire Mondial fournit aujourd’hui son aide à un habitant sur trois, soit à plus de 5 millions de Syriens. Ce soutien est capital dans le nord-ouest du pays, où 80% des habitants de cette région toujours en guerre, dépendent du PAM pour se nourrir au quotidien.
Quelles sont les ressources propres qui permettent à la Syrie de survivre ?
Le régime est toujours sous sanctions occidentales. Les activités non déclarées et le soutien des deux grands pays frères, la Russie et l’Iran, sont déterminants pour relancer les rares industries en état de marche. Avec souvent un inconvénient majeur pour les Syriens : les entreprises passent sous le contrôle des parrains du régime. Dans le domaine du phosphate par exemple, dont la Syrie était un grand exportateur, la filière publique a été cédée en 2018 à deux oligarques russes. L’un d’entre eux, Gennady Timchenko, un proche de Vladimir Poutine, est sur la liste des personnalités sanctionnées par l’Union européenne. Il poursuit néanmoins ses activités sous couvert de sociétés écrans. Ce qui a permis à la Syrie d’exporter du phosphate vers l’Europe, via la Roumanie a révélé récemment l’enquête menée par un consortium de journaux du moyen orient. Cette mainmise de la Russie est continue. Une société russe a signé un contrat il y a quelques jours pour construire un nouveau complexe touristique dans le port de Lattaquié.
Des investissements qui fourniront à terme du travail et donc des revenus aux Syriens ?
Pour survivre au quotidien, les transferts de la diaspora sont une véritable soupape de sécurité. D’après une estimation réalisée par le quotidien pro gouvernemental syrien El Watan, 3 milliards 600 millions de dollars seraient envoyés sur une année. Cela représente environ la moitié du montant de l’aide humanitaire promise aux Nations unies pour l’exercice 2022-2023.
rfi