Interpellé par mail à la suite du Pmex qu’il venait d’organiser, le Dg de l’Adepme a accepté de faire le bilan de cette rencontre internationale, tout en parlant des défis auxquels font face les Pme actuellement, sans oublier, en bon responsable politique, de donner son opinion sur les enjeux des Législatives prochaines.
Vous avez organisé il y a un mois, du 23 au 25 juin dernier, la première édition du Pmex, le Salon des Pme exportatrices, Pouvez-vous nous en faire le bilan et en tirer vos premières conclusions ?
La première édition du Salon Pmex a été une belle réussite, au service du développement à l’international des Pme. Cela a été une opération très spéciale tenue dans des conditions extrêmes et de contraintes, de temps notamment. Notre prestataire chargé de l’organisation et nos collaborateurs de l’Adepme ont été à la hauteur du défi. Les travaux scientifiques ont été de très haute qualité, les délégations étrangères ont été bien prises en charge et les exposants que nous avons accueillis, ont été satisfaits des conditions d’exposition et de la fréquentation de leurs stands. Le public a été au rendez-vous, et nous en sommes très fiers. Enfin, nous avons clôturé ce salon Pmex par le dîner de gala de nos 20 ans, ce qui a été l’occasion unique de rendre un bel hommage à nos anciens dirigeants que sont Mme Marième Dia Sané et Mme Marie-Thérèse Diédhiou qui ont aussi leur part dans ce qu’est l’Adepme aujourd’hui, et aussi aux disparus, le premier Président du Conseil de Surveillance feu Gabriel Fal et feu Mabousso Thiam, ancien directeur général auquel j’ai eu l’honneur de succéder et dont ce 25 juillet est l’an 1 de la disparition prématurée. Ils restent tous dans nos cœurs. Et pour ce premier Salon Pmex, de riches enseignements pourront être tirés pour s’améliorer toujours et encore. A cette occasion, nous avons aussi lancé l’Appel de Dakar 2, porté par les structures d’accompagnement de l’entrepreneuriat de tous les pays de l’Uemoa, qui ont donné mandat à l’Adepme de coordonner la revivification de l’accompagnement des Pme dans notre espace communautaire, notamment à la faveur de la présidence de l’Union africaine par le Président Macky Sall.
Ce Pmex a tenu à rassembler des entreprises qui ont pour ambition, et ou qui s’ouvrent déjà à l’exportation. Dans un contexte de difficultés d’accès aux ressources, n’était-ce pas mettre la barre très haut, puisque, à notre connaissance, elles ne sont pas nombreuses, les Pme susceptibles de remplir ces critères ?
Le Sénégal est tout de même la deuxième économie de la zone Uemoa, qui compte huit pays. Et si nous occupons ce rang, c’est grâce à notre marché intérieur bien sûr, mais aussi parce que nous avons des champions qui exportent. Sonatel, Paps, Logidoo, Neurotech, des créateurs aussi, la liste est loin d’être exhaustive. Nous avons en effet voulu les donner en exemple et les mettre en exergue, comme voie à suivre pour les autres. Mais vous avez raison, la question de l’accès aux ressources est cruciale. C’est pour cela que nous avions tout un hall consacré à l’exposition par les institutions financières. L’Adepme, avant et après ce salon, travaille à faciliter l’accès au financement pour les Pme, facteur-clé pour un développement à l’international de nos entreprises.
Parlant de l’environnement des affaires, on sait aussi que les initiatives entrepreneuriales au pays connaissent toujours des difficultés d’éclosion, du fait souvent de la bureaucratie et incidemment, des financements. Le recours aux partenaires étrangers, que vous avez invités au Pmex, peut-il offrir une solution à long terme ?
L’Afrique est la nouvelle frontière. Les investisseurs de tous les pays du monde et les partenaires étrangers s’y intéressent. Dans le contexte d’un monde globalisé, le Sénégal arrive à tirer son épingle du jeu. En cette année 2022, notre pays présente un haut profil d’attractivité pour les partenaires étrangers. Ce à quoi ne sont pas étrangères la présidence de l’Union africaine par le Président Macky Sall ou encore la victoire de nos Lions du football à la Coupe d’Afrique des nations, tenue en janvier dernier au Cameroun. Le Sénégal ne peut pas se développer en vase clos. Oui, les partenaires étrangers font partie de la solution, et pas du problème. N’en déplaise à une certaine frange dégagiste, qui attribue aux partenaires étrangers beaucoup de nos maux.
Par ailleurs, alors que le pays cherche, surtout dans ce contexte économique mondial difficile, à assurer son autosuffisance aussi bien dans le domaine alimentaire que dans d’autres, est-il judicieux de mettre l’accent sur les politiques d’exportation, en lieu et place de celles d’autonomie ?
L’autosuffisance et l’exportation sont complémentaires, pour une économie équilibrée. Si vous prenez l’exemple de l’électricité, notre réseau est connecté à celui des pays voisins et le surplus d’énergie y est exporté. Sur le point précis de l’autosuffisance alimentaire, des pas importants ont été franchis ces douze dernières années. Il ne vous aura pas échappé que nous n’importons plus de poulets, et sur des périodes, nous ne consommons que l’oignon local. Pour ce qui est des céréales, nous restons hélas tributaires des conditions climatiques et de pluviométrie, et aussi des habitudes d’activité agricole de notre paysannat. Mais, les choses progressent, avec des dispositifs efficaces mis en place pour appuyer la production alimentaire : l’Anida, les domaines agricoles communautaires, le travail de l’Isra pour l’introduction prochaine de variétés de blé. Il ne faut pas occulter qu’il y a une crise mondiale sur le blé due à l’opération spéciale de la Russie en Ukraine. Cela doit être une opportunité à saisir pour faire baisser la dépendance vis-à-vis de cette céréale et envers ces pays exportateurs que sont la Russie et l’Ukraine. Notamment par l’introduction de céréales locales dans la fabrication de pain. Mais aussi l’introduction résolue de productions comme le fonio, que le monde entier nous envie pour ses propriétés nutritives, dans le quotidien des Sénégalais.
Parlant de ressources, vous êtes le mieux placé pour connaître les difficultés des Pme à accéder aux financements. Comment l’Adepme aide-t-elle à en finir avec cette question récurrente ?
Pour ce qui est de l’accès au financement, l’Adepme travaille à améliorer les informations sur les Pme dont ont besoin les banques et autres prêteurs. Notre mécanisme de notation et de profilage «E-rating» évalue les entreprises et fait la cartographie la plus exacte des informations-clés qui les concernent. C’est ce diagnostic qui leur permet de faire appel à l’allié incontournable dans la conquête du marché intérieur et dans l’assaut des marchés de l’export : le financement, par les banques commerciales et par les structures institutionnelles d’appui que nous connaissons. Le double enjeu, c’est le suivant : faire en sorte que les entreprises soient financées et garantir aussi que quand l’argent est prêté, il sera effectivement remboursé. C’est ainsi que l’Adepme se positionne comme «le tiers de confiance des Pme», et au-delà, de l’écosystème. Nous travaillons à harmoniser les canaux d’accès au financement.
A votre connaissance, quelles sont les plus grandes contraintes des Pme au Sénégal ?
Vous serez surpris de le savoir, mais les plus grandes attentes des Pme, une fois qu’elles sont bien sondées, ne sont pas le financement, mais l’accompagnement : en matière d’encadrement, de formation, de formalisation, d’aide à la génération d’emplois. Aussi, la vision de l’Adepme est-elle : «Offrir un accompagnement adapté au profil et aux besoins de chaque Pme pour en faire un futur champion.» De 2016 à 2020, nous avons, dans le cadre de notre plan stratégique, accompagné près de 29 000 entrepreneurs. Près de 3500 ont été formalisés, près de 8000 ont bénéficié de fonds à frais partagés ; ce sont près de 77 000 emplois créés ou maintenus : plus de 18 milliards ont ainsi été mobilisés, aux côtés de nos partenaires institutionnels et financiers.
Parlant de l’environnement économique, le Sénégal est actuellement préoccupé par la préparation des Législatives à venir et par les risques de troubles.
L’atmosphère politique actuelle ne risque-t-elle pas d’influencer nos performances économiques ?
Les entreprises ont besoin de stabilité sociale et politique pour bien travailler. Des jours sans travailler, ce sont des pertes pour l’économie nationale. Mais la vraie stabilité du pays, c’est dans la tenue, à date échue et de manière sincère et transparente, des scrutins nationaux qui désignent les représentants politiques chargés de conduire ou d’orienter les affaires du pays : c’est cela qui garantit la stabilité sociale de façon durable. Par ailleurs, les grands équilibres macro-économiques sont bien tenus. Nous comptons également sur la productivité de nos entreprises pour résorber les gaps. Enfin, nous sommes également sortis de la phase la plus critique de la pandémie du Covid-19. Aussi, nous restons confiants dans les performances de l’économie nationale, pour cette année.
Quelles sont vos chances de victoire à ces élections législatives ?
Nos chances de victoire sont celles que les Sénégalais nous ferons la confiance de nous donner. Et nous travaillons sur le terrain à conserver celles qu’ils nous ont données à l’élection présidentielle de 2019 et de nouveau à l’échelle nationale lors des dernières élections locales de janvier, pour lesquelles nous avons été majoritaires en nombre de voix au plan national et en nombre de collectivités gagnées, sur les 550 que compte notre pays. Aussi, pour ma part, je lance un appel franc et fort à voter massivement pour la Coalition Bby, afin de poursuivre la politique de transformation économique et sociale du président de la République Macky Sall dont -je suis bien placé pour le dire- tous les ingrédients ont été construits ou restructurés et sont dorénavant en place. Nous nous sommes donné les moyens de n’avoir comme défi que le passage à l’échelle grâce au travail effectué depuis 2012. Nous ne pouvons nous payer le luxe de changer notre trajectoire pour le développement. L’enjeu de ces élections, c’est s’aliéner ou se libérer. Et nous poursuivons sans relâche la libération continue des énergies, pour toujours plus de conquêtes socio-économiques, pour un Sénégal de tous et pour tous.
le quotidien