Le chancelier allemand sera ce mercredi 26 octobre à Paris pour un déjeuner de travail avec le président français. Cette visite intervient alors qu’un Conseil des ministres franco-allemand prévu ce jour à Fontainebleau a été annulé il y a une semaine.
« Les repas en commun au plus haut niveau ont toujours détendu les relations difficiles entre la France et l’Allemagne », observe le quotidien Süddeutsche Zeitung, rappelant par la même occasion que les relations entre les deux pays ont toujours été marquées par des tensions. Le report à janvier d’un Conseil franco-allemand a montré l’ampleur des désaccords. Un report qui a d’ailleurs fait moins de vagues à Berlin qu’à Paris, rapporte notre correspondant, Pascal Thibaut.
Sur les questions énergétiques, les deux modèles différents des deux pays ne facilitent pas les accords. Berlin s’oppose à un plafonnement du prix du gaz en Europe que préconise Paris. L’Allemagne, plus dépendante de cette source d’énergie, craint que les fournisseurs se détournent vers d’autres clients. Le bouclier énergétique de Berlin de 200 milliards d’euros a suscité des critiques à Paris et ailleurs. Paris n’en a d’ailleurs pas été informé. Olaf Scholz qui vantait les mesures ici, a cherché ensuite à les minimiser auprès de ses voisins européens.
Une coopération industrielle de défense quasiment à l’arrêt
Outre la politique énergétique, Olaf Scholz et Emmanuel Macron devrait parler armement. Fort de son méga budget de 100 milliards d’euros, Berlin ne cache plus son ambition de faire cavalier seul en matière de défense. Ainsi, concernant le bouclier anti-missile, le chancelier allemand a laissé entendre cet été qu’il se verrait bien prendre la main sur ce projet à vocation européenne. Ce futur bouclier du ciel a depuis séduit quatorze pays de l’Otan, et sera composé de matériels allemands, américains et peut-être israéliens, alors que des capacités anti-missile existent déjà en Europe, notamment avec le « Mamba », produit en France.
Autre pierre d’achoppement : l’avion de combat du futur. Depuis plus d’un an, ce programme stratégique est à l’arrêt. Après des mois d’âpres discussions, aucun accord n’a été trouvé entre le français Dassault et Airbus qui représente les intérêts allemands. Le groupe tricolore, initialement désigné maître d’œuvre du projet pour ses compétences incontestables en matière d’avion de combat, refuse les exigences d’Airbus, à savoir le partage des brevets sur les commandes de vols, la partie la plus critique d’un chasseur.
Quant aux chars du futur et canons du futur, ils sont également dans l’impasse et c’est donc presque toute la coopération industrielle de défense franco-allemande qui est aujourd’hui à l’arrêt.
RFI