Le Président Macky Sall, qui présidait hier l’ouverture de la 54e session de la Conférence des ministres des Finances, de l’Economie, de la Planification et du Développement économique de la Commission économique pour l’Afrique (CoM2022), a jeté un regard critique sur la gouvernance économique mondiale. Le chef de l’Etat, président en exercice de l’Union africaine (Ua), considère que les règles sont non seulement «dépassées», mais aussi, elles sont «injustes…».
Macky Sall a procédait hier au l’ouverture de la 54e session de la Conférence des ministres des Finances, de l’Economie, de la Planification et du Développement économique de la Commission économique pour l’Afrique (CoM2022). A cette occasion, le chef de l’Etat, par ailleurs président en exercice de l’Union africaine (Ua), n’a pas fait dans la langue de bois. Le Président Sall a jeté un regard critique sur la gouvernance économique mondiale.
«Aujourd’hui, tout le monde est d’accord que les conditions actuelles, les paramètres qui permettent la gouvernance économique mondiale sont dépassés et inadaptés à la réalité. A quoi bon imposer à l’Afrique de respecter des cibles de déficit dans une crise aussi grave, une double crise, du Covid, de la guerre (en Ukraine) avec ses impacts sur le continent africain, de nous dire vous ne pouvez pas dépasser un déficit de 5%, 6%. Ça n’a aucun sens aujourd’hui, par rapport à la réalité de nos pays et à la situation que vivent nos peuples», a martelé le Président Sall. Ainsi invite-t-il les ministres des Finances, de l’Economie, de la Planification et du Développement économique à porter ce combat, puisque c’est le combat que l’Afrique leur demande de porter. Pour lui, il est nécessaire que l’Afrique élève la voix, fasse porter sa voix, non seulement par les chefs d’Etat, mais aussi par les ministres qui sont leurs représentants auprès des institutions internationales. «Il y a le plaidoyer des chefs d’Etat, mais il y a également, la défense des positions de l’Afrique devant ces institutions internationales dont vous avez la charge, vous ministres des Finances, de l’Economie et de la Planification. Et je sais que vous êtes plus sensibles que nous sur les pressions», soutient Macky Sall. Et de préciser : «L’Afrique a connu une belle décennie de croissance avec des taux de croissance régulièrement plus élevés que la moyenne mondiale. Mais si ces conditions devaient perdurer, c’est l’atteinte des Objectifs de développement durable qui sera définitivement compromise. Tout le combat des Odd va partir en fumée.
Malgré cette gravité de la situation, nous ne devons pas baisser les bras. Nous n’avons d’autre choix que de continuer à rechercher les voies et moyens les plus appropriés dans l’urgence, pour atténuer les effets de la crise sur nos économies et envisager la relance économique.»
«Les règles sont injustes»
Et selon lui, c’est le sens de la rencontre de Dakar sur le financement de la relance de l’Afrique par des solutions innovantes.
En effet, explique le président en exercice de l’Ua, «la soudaineté et la superposition des deux chocs nous obligent à sortir des schémas classiques qui ont déjà montré leurs limites, même en temps normal.
C’est pourquoi nous plaidons pour l’effectivité des Droits de tirages spéciaux (Dts) pour nos pays». Ce point, rappelle Macky Sall, «nous a occupés pendant une année à travers différentes conférences. Et en dehors de l’émission de Dts de 650 milliards sur lesquels l’Afrique n’a que 33 milliards de dollars, soit 5%, c’est ce que nous pesons par rapport aux règles qui gouvernent le monde. Est-ce que nous pesons 5% sur l’économie mondiale ? Donc, les règles sont injustes. Elles sont dépassées. Il faut qu’on ait le courage de remettre cela en cause, avec ceux qui veulent progresser, qui ont un humanisme et une solidarité pour faire bouger les lignes.
Les partenaires, notamment la Chine, la France puis les Etats-Unis, même l’Union européenne, avaient pris des engagements. Mais, aujourd’hui, on a comme l’impression que c’est un rétropédalage. Même si certains disent «nous sommes prêts», d’autres disent «non», parce que…. Résultat ? Après une année, rien ne se passe».
Par conséquent, regrette-t-il, les économies africaines se trouvent dans «un état de fatigue générale dont nous ne mesurons ni l’ampleur ni la durée. Et c’est là le problème. On ne peut pas aujourd’hui, faire de projection, parce que personne ne sait quand est-ce que cette crise (ukrainienne) va s’arrêter. La guerre en Ukraine, qui a ses impacts sur la planète entière, mais surtout sur l’Afrique, va définitivement compromettre toute perspective de reprise économique. Toutes les solutions qui ont été préconisées avant sont aujourd’hui aux oubliettes».
source:lequotidien