Une unanimité semble se dégager dans l’opinion quant à la nécessité de sanctionner les auteurs de la violence à l’Ucad. Du côté des autorités universitaires et étatiques, on affiche une nette fermeté. Reste à savoir si les intentions seront suivies d’effet.
La violence à l’Ucad semble de plus en plus insupportable auprès de l’opinion. Depuis quelques semaines, on note une sorte d’unanimité à demander à des sanctions contre les auteurs des actes de violence dans le temple du savoir.
D’abord au sein de la communauté universitaire. Les autorités pédagogiques et sociales en premier. Réuni le lundi 21 juin, suite à une semaine de manifestations au sein du campus, le conseil restreint de l’Ucad a affirmé sa volonté de sanctionner les fauteurs de trouble. Le conseil s’engage ainsi « à traduire, avec diligence, devant le conseil de discipline, tout étudiant responsable d’acte de violence ».
4 jours après, on passe de la promesse à la matérialisation. Le vendredi 2 juillet, plusieurs étudiants sont convoqués devant le conseil de discipline. Dans une sortie médiatique le jeudi 2 juillet, la coordination des listes et coalitions de listes soutient que c’est 250 étudiants qui sont convoqués. Du côté des autorités universitaires, on assure que c’est beaucoup moins. Dans tous les cas, les sanctions sont attendues cette semaine.
Avant le rectorat, le Coud a été le premier à s’exprimer sur la question, suite au saccage des restaurants, en début juin, par les étudiants mécontents des résultats des élections des amicales. Le Coud qui assimilait cet acte « à du sabotage au regard des nombreux efforts consentis pour améliorer les conditions et le cadre de vie des étudiants » promettait de faire des investigations et de porter l’affaire devant la justice et le conseil de discipline de l’Ucad.
Appels unanimes à la sanction
A l’image des autorités, les enseignants demandent également sanction. Face aux agressions dont les enseignants sont victimes, notamment un micro arraché à un professeur en plein cours, le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) exprime son indignation. Dans un communiqué du samedi 19 juin, la section Ucad du Saes décrète un mot d’ordre de 72 heures à partir du lundi 21 juin pour réclamer des sanctions.
Le Saes exige ainsi “la convocation du Conseil de discipline afin de statuer sans condition, ni délai sur le sort des auteurs de violence exercée au niveau de la Faculté des lettres et sciences humaines (Flsh) et de la Faculté des sciences juridiques et politiques (Fsjp) ».
Ce n’est pas pour rien d’ailleurs si certains leaders étudiants accusent le syndicat de vouloir sacrifier certaines de leurs camarades au nom de l’exemple. Dans un communiqué publié jeudi dernier, 1er juillet, la coordination des listes et coalitions de listes reproche au recteur de se laisser « conditionner de manière mécanique par une portion du corps professoral que constitue le Saes ».
Seulement, leurs camarades étudiants semblent aussi favorables à des sanctions. A travers les médias, notamment les micros-trottoirs, les pensionnaires de l’Ucad ont exprimé leur souhait de voir l’autorité prendre ses responsabilités pour mettre fin à la violence.
Même chose sur les réseaux sociaux. « De toute façon, ne comptez pas sur moi et les étudiants ne seront pas solidaires à vos actes ignobles », réagit un internaute. « Nous ne serons jamais avec ceux qui nous empêchent d’étudier. Nul ne doit cautionner la mauvaise conduite. Il est temps que l’Ucad soit réservée à ceux qui veulent apprendre », renchérit un autre.
La fermeté du recteur
En fait, c’est un flot d’indignations sur les réseaux sociaux dès que le sujet est évoqué. Beaucoup estiment qu’il est temps que l’université cesse d’être un ‘’far West du système éducatif sénégalais’’.
Certains en appellent même à la dissolution des amicales. « Une petite minorité qui ne sert à rien d’autre que de profiter de l’université pour se faire de l’argent au détriment de la majorité des étudiants (vente de chambre, grèves, perturbations des cours et examens, etc.). Non aux amicales », s’exclame un étudiant.
Un autre se veut plus radical : « L’Etat doit prendre ses responsabilités et dissoudre toutes les amicales. La plupart des gens qui s’activent dans les amicales ne sont pas de vrais étudiants. »
Dans tous les cas, ces différents appels semblent avoir trouvé un écho favorable du côté du rectorat et du palais. Interpellé sur la question, le 22 juin dernier, en marge de la visite du recteur de l’Auf à l’Ucad, le Pr Ahmadou Aly Mbaye, recteur de l’Ucad a affiché une nette fermeté.
«Nous avons considérablement amélioré notre dispositif de surveillance, les fauteurs de troubles seront débusqués, traduits en commission de discipline et traduits devant la Justice. Il ne faudrait pas que les gens aient le moindre doute par rapport à cela », s’était-il engagé.
Exclure la violence ou l’admettre en classe supérieure
Le président de la République est également sur la même ligne. En fin avril, suite à des affrontements entre des étudiants de Kekendo et Ndefling qui avaient fait un mort, Macky Sall avait promis d’assainir l’Ucad, soulignant que l’université n’est pas ‘’un espace de gladiateurs’’.
En tournée dans le Nord du pays, Macky Sall a été à nouveau rattrapé par la violence dans les universités. Tout en rappelant les efforts consentis dans le secteur de l’enseignement supérieur, le chef de l’Etat brandit le bâton contre les casseurs. « Il ne faut pas que les étudiants pensent que pour un oui ou pour un non, on doit détruire ou casser… Nous allons mettre un terme à tout cela », promet-il. La position de principe est donc suffisamment claire.
Il faut toutefois préciser que les autorités ont tout temps promis des sanctions sans que cela ne soit suivi d’effet, au point que certains n’y croient plus, considérant que les raisons politiques ont pris le dessus sur les raisons académiques.
Aujourd’hui qu’une unanimité se dégage sur la nécessité de sanctionner et que le recteur fasse preuve de plus de fermeté, on est tenté de croire à la fin de l’impunité. En attendant les décisions du conseil de discipline et la suite qui leur sera accordée. De là dépendra l’exclusion de la violence de l’Ucad ou son admission en classe supérieure.
Source:
seneweb